Note d’intention
••• Iseran, 29 août
Iseran, 29 août : un lieu et une date, ceux d’une excursion que j’ai faite lorsque l’Orchestre des Pays de Savoie m’a proposé d’écrire une courte pièce inspirée d’un lieu situé sur son territoire. Le Col de l’Iseran, perché à 2764 mètres d’altitude, est en saison un passage prisé des amateurs de sports d’hiver, et devient l’été le rendez-vous sélect des cyclistes les plus intrépides.
Cependant, l’expérience que j’ai vécue à cet endroit diffère quelque peu des images alpines idylliques que d’autres personnes peuvent lui associer. Son ascension en voiture un 29 août, derrière une caravane hors d’âge lentissime crachant une fumée noire sûrement cancérigène, a été marquée par la survenue brutale d’une pluie diluvienne, à vous ruiner une paire d’essuie-glaces. Ce sont à la fois les aspects cocasses de mon ascension laborieuse et l’enthousiasme suscité par cet ébouriffant déchaînement de forces météorologiques qui ont guidé l’écriture de cette pièce, lui conférant un caractère à la fois tempétueux et légèrement sarcastique.
Iseran, 29 août offre une profonde méditation musicale sur la dualité entre la beauté naturelle du lieu et les circonstances imprévues qui ont marqué cette journée, une réflexion sensible sur la manière dont nos paysages naturels sont altérés par la présence de notre société motorisée, et, en une interprétation subtilement ironique, une célébration de la capacité de la musique à exprimer la facétie des expériences humaines – à moins que tout cela ne soit que des phrases, et qu’Iseran, 29 août ne soit rien d’autre qu’une plaisanterie musicale, à écouter avec la même légèreté que celle avec laquelle je l’ai composée.